Les bailleurs sociaux doivent aujourd’hui faire face à 3 enjeux majeurs : préserver leurs locataires de la hausse du prix des énergies et de la précarité qui en découle, répondre aux besoins en logements exprimés sur tous les territoires de la Région, réduire rapidement l’empreinte carbone de leur parc de logements.
En ce qui concerne le logement, l’Etat a d’ores et déjà tracé la trajectoire vers 2050 : nouvelle règlementation environnementale 2020 et Zéro artificialisation nette pour le neuf, mise en indécence progressive des logements concernés par une étiquette E, F ou G pour le parc existant.
Dans ce contexte réglementaire renforcé, à l’heure où l’ensemble des acteurs Hlm requestionnent leur stratégie patrimoniale, on peut légitimement se demander quelle orientation prendre : faut-il construire ou réhabiliter ? viser l’exemplarité ou la massification ?
Nous savons déjà qu’une partie du parc ne pourra jamais atteindre le niveau de haute performance attendu s’il est apprécié à l’échelle de l’immeuble. Le reste du parc, porté par la construction et la réhabilitation de l’existant, devra « surperformer » pour équilibrer et atteindre la neutralité visée pour 2050. Il n’y aura donc jamais une voie unique : le chemin est à tracer par chaque bailleur en fonction de son patrimoine, des urgences sociales, de sa capacité d’investissement… Il faut avant tout « rester sur les deux jambes, marcher autrement et surtout accélérer le pas ».
En réalité, ce qui se joue actuellement sur les territoires, c’est la façon dont collectivement, nous serons capables de développer les trajectoires locales bas carbone (boucles d’énergies, réemploi, matériaux biosourcés, production d’ENR…) afin de donner les moyens au logement social de porter la dynamique de transition résidentielle, et d’assurer son rôle contracyclique.
En Hauts-de-France, encore plus qu’ailleurs, l’intention des bailleurs à faire est plus vive que jamais, mais les montants d’investissement que représentent la décarbonation du parc Hlm régional, que l’on parle du neuf ou de l’ancien, sont colossaux, dans un contexte économique de rupture pour le secteur (réduction de loyer de Solidarité, hausse de la TVA, augmentation du taux du livret A…).
En conclusion, la question de « construire ou réhabiliter » ne doit pas se poser en ces termes et le danger serait bien que les bailleurs soient amenés à faire ce choix, contraints par des conditions économiques devenues insoutenables. Les risques seraient alors majeurs pour les territoires quand on sait le rôle majeur que les acteurs Hlm assurent au service de l’attractivité des territoires et du pouvoir d’achat des ménages.
Jean-Louis Cottigny, Président de l’URH Hauts-de-France