Depuis de nombreux mois, au fil des éditos, des prises de parole publiques et des rencontres avec les acteurs politiques et institutionnels de notre région, nous rappelons l’urgence de la mise en œuvre d’une politique ambitieuse du logement en général et du logement social en particulier.
Pourtant, les pouvoirs publics sont restés sourds à ces appels. Peu de choses ont été annoncées, encore moins mises en œuvre. Pire, l’instabilité politique nous a privés de Ministre du Logement au bout d’à peine quelques mois au moment où des décisions doivent être prises et des actes forts engagés. Par ailleurs, les annonces du Premier ministre, lors de son discours d’investiture, n’ont pas rassuré, loin de là, que ce soit sur la remise en cause de la loi SRU ou la concentration des efforts sur la construction de logements intermédiaires, qui ne répondent pas aux besoins des ménages sur les territoires hors Ile-de-France.
Dans ce contexte de crise, le monde du logement est mobilisé dans son ensemble. Le 24 janvier dernier, l’ensemble des acteurs du logement, dont l’USH, la FFB et la Fédération des promoteurs se sont joints au sein de l’Alliance pour le Logement, afin de lancer un cri d’alarme sans équivoque : sans mesures fortes, immédiates, sans une stratégie claire pour les trois ans à venir, la crise du logement ne sera pas enrayée.
Pour le seul logement social en région, ce sont plus de 230 000 demandes qui sont en attente, et les agréments, témoins de la mise en service à venir de nouveaux logements construits, sont en chute pour 2023 avec 1 000 agréments de moins par rapport à 2022. Une réalité qui se vérifie au niveau national.
Nous résistons pourtant, déterminés à assurer notre rôle contracyclique et maintenons l’effort de construction au maximum de notre capacité. Pour autant, le cumul des contraintes réglementaires et des crises sectorielles (énergie, bâtiment…) finira par venir à bout de la capacité de résilience des bailleurs sur les territoires.
Les solutions existent pourtant et nous les rappelons sans cesse, avec notamment la possibilité d’agir sur la TVA ou la Réduction de Loyer Solidarité, cette dernière ayant été mise en place à la charge des bailleurs sociaux pour combler la baisse des APL et qui ponctionne très lourdement leurs finances et de fait leur capacité à investir pour l’avenir, que ce soit en matière de production ou de rénovation.
Ce cri d’alarme de l’ensemble du secteur, nous entendons bien le relayer sans relâche dans les mois à venir, afin que des solutions de sortie de crise soient enfin mises en œuvre. Notre nouveau Ministre du Logement récemment nommé, Guillaume KASBARIAN, aura assurément fort à faire pour endiguer ce naufrage annoncé de l’ensemble du secteur, tant les indicateurs sont désormais dans le rouge.
Notre vigilance et notre détermination demeurent entières pour défendre nos concitoyens bénéficiaires de logements sociaux tout comme ceux en attente d’un toit décent.
Jean-Louis COTTIGNY, Président de l’URH Hauts-de-France