C’est à l’initiative du réseau ALLIANCES que le mouvement Hlm régional, représenté par Jérémy ESTRADER, Directeur Général adjoint du groupe Habitat en Région (SIA, SIGH et SA de l’Oise en Hauts-de-France), Amélie DEBRABANDERE, directrice générale de SIA Habitat et Philippe REMIGNON, Président de Vilogia, a, auprès des très nombreux participants mobilisés durant 3 jours (les 22, 23 et 24 novembre), à Lille pour ce rendez-vous désormais annuel, témoigné des vertus de responsabilité sociale, économique et environnementale du modèle du logement social et des pratiques des acteurs du secteur dans un contexte où les enjeux de transitions sont soumis à une accélération sans précédent.
Les témoignages apportés par les bailleurs sociaux, à l’occasion notamment d’une table ronde animée par Frédérique SEELS, directrice Générale du CD2E, ont illustré de manière convergente et très concrète la façon dont les projets stratégiques et opérationnels des bailleurs sociaux prennent en compte les deux défis majeurs qui s’imposent à tous les territoires dans notre région : celui du pouvoir d’achat et vivre des ménages et celui du changement climatique.
Ces deux défis orientent les stratégies des entreprises des acteurs de logement social dans plusieurs directions majeures :
➤ Une urgence sociétale à développer l’offre pour répondre aux besoins importants à toutes les étapes du parcours résidentiel des ménages : de l’hébergement à l’autonomie, l’accession à la propriété abordable, puis en phase de perte d’autonomie, … Pour cela, les propos sont unanimes : il faut libérer le foncier et alléger toutes les procédures qui freinent l’acte de construire à un moment où tous font le constat qu’il faut a minima 4 à 5 ans pour faire sortir de terre un programme de logement.
➤ Un enjeu à renforcer la concertation citoyenne autour des projets d’habitat (démocratiser l’acte de construire), considérant que les procédures d’enquête ou de concertation publique règlementaires ne garantissent plus l’acceptabilité des programmes de logement. L’habitat doit désormais être accepté par un éco-système devenu plus exigeant et, parfois rétif par dogmatisme, (habitants et élus) à un moment où le COVID et la crise énergétique ont accéléré les prises de conscience collectives et intensifié les exigences légitimes en matière de qualité résidentielle .Pour cela, un nouveau programme de logement doit, pour ne pas être rejeté par la population installée, être perçu tant par les élus que par les citoyens, comme une solution positive pour la population en place, ceci par exemple en termes de services ou de bio-diversité pour les habitant déjà résidents, inclusif pour tous et créateur de valeur pour le territoire.
➤ Développer la mission d’aménageur des bailleurs sociaux pour réinvestir les friches, réduire l’artificialisation issue du développement résidentiel et réintroduire de la nature en ville et de la biodiversité : arbres (mini-forêt), pelouses ou pleines terres, jardins partagés…
Dépasser la question du logement (« en tant que simple contenant »), et avoir une approche plus systémique et globale pour redonner du pouvoir de vivre aux locataires(au-delà d’une surface en m² à occuper) et répondre à l’enjeu écologique et social :
➤ La poursuite de la réflexion sur les services de proximité apportés tant aux résidents qu’au voisinage (habitat inclusif, mixité inter-générationnelle, échanges de services, ….). En termes de services, une évolution règlementaire pour permettre aux bailleurs de développer davantage le volet « services » liés à l’habitat est souhaitable.
➤ Le développement du « Care » pour mieux accompagner la perte d’autonomie dans le logement : formation des collaborateurs à la détection de la perte d’autonomie, réalisation de diagnostic de perte d’autonomie, engagements qualité sur les travaux d’adaptation…..
S’appuyer sur ces investissements (construction et rénovation) pour contribuer à l’emploi local et la création de nouvelles filières économiques et de nouveaux métiers au travers de la massification
➤ Développer les clauses d’insertion dans les marchés et faire le lien entre les locataires en recherche d’emploi et les acteurs du monde économique (rencontre avec Pôle Emploi, développement de parcours personnalisés et individualisés)
➤ Développer et généraliser le recours aux matériaux biosourcés et coordonnant la commande des acteurs du mouvement Hlm pour aider à la construction des filières économiques locales.
➤ Se regrouper pour structurer les filières
➤ Contribuer à développer de nouveaux métiers et de nouveaux emplois (recyclage des matériaux de démolition, pose de nouveaux matériaux,….)
Cette trajectoire vertueuse, portée par le mouvement Hlm, s’est vue confortée par la présentation par Carlos MORENO, chercheur, de son concept, désormais bien connu, de la Ville du quart d’heure et de la métropole de la ½ heure.
Et si cette vie de la proximité et de la mixité fonctionnelle devenait le nouveau modèle d’habitat attendu par les ménages qui permet de développer un maximum d’interactions sociales, économiques et culturelles à partir de 3 nouveaux défis identifiés par Carlos MORENO :
Imaginer un nouveau rythme pour la ville pour réduire les déplacements pendulaires, longs et pénalisant la qualité de vie (Chrono-urbanisme),
Utiliser les lieux existants pour les diversifier en accueillant différents usages (Chronotopie)
Renforcer les nouvelles urbanités par l’attachement des gens à leur quartier (Topophilie)
Un chemin sur lequel les acteurs du logement social ont montré qu’ils étaient résolument engagés et précurseurs pour faire du « logement pour vivre » un « logement dans une ville à vivre » dans le respect des enjeux sociaux, économiques et environnementaux qui s’imposent à tous.
Il reste à trouver le nouveau cadre règlementaire et le modèle économique qui permettront de soutenir ce nouveau modèle.