Dans un contexte particulièrement défavorable au développement du parc social (raréfaction des terrains, coûts de construction élevés…), la tension ne cesse de croître pour obtenir un logement. Les ménages déjà logés dans le parc social sont de moins en moins nombreux à en sortir. On note un recul net de l’accession à la propriété (en raison notamment de taux élevés) ainsi qu’une baisse du nombre de biens à louer dans le parc privé, davantage consacrés à l’immobilier saisonnier plus lucratif pour les propriétaires.
2023 : des demande en forte croissance et des attributions en baisse constante
223 000 demandeurs sont en attente d’un logement social en région Hauts-de-France à fin 2023, représentant une augmentation de 8% par rapport à fin 2022. Cette hausse est comprise entre +7% et +12% selon les départements de la région Hauts-de-France.
Ces 5 dernières années (entre 2019 et 2023), l‘augmentation du nombre de demandeurs inscrits est très forte avec une hausse de 22,5 %. Quant aux demandes de mutation (locataires déjà présents dans le parc social), elles représentent 39% de la demande globale exprimée. Ces demandes sont en baisse chaque année. En passant ainsi de 43% en 2019 à 39% des demandes exprimées en 2023, elles explicitent l’immobilisme des ménages déjà logés.
Parallèlement, le nombre d’attributions continue à baisser depuis plusieurs années : -6% en 2023 par rapport à 2022 avec 45 000 baux signés. Sur ce volume, 14 000 attributions ont été réalisées au niveau régional au bénéfice de demandeurs de mutation, soit 31% des attributions totales. Dans un contexte de pénurie de logements, les bailleurs tentent malgré tout de satisfaire leurs locataires en attente d’un parcours résidentiel ascendant et les personnes souhaitant accéder à un premier logement social.
Les schémas ci-dessous expriment ces phénomènes sur les 5 dernières années. Au niveau régional, on note une baisse des attributions de 16,5%, la baisse étant particulièrement marquée dans les départements de la Somme (-21%), du Pas-de-Calais (-21%) et du Nord (-18%).
La tension s’aggrave sur certains territoires, fléchant les priorités pour construire
Le département du Pas-de-Calais, avec plusieurs EPCI concernés, semble être le département le plus impacté par la hausse de cette tension (conjonction entre la baisse des attributions et la hausse de la demande). De quoi s’interroger sur les mouvements de population venant du Nord, territoire déjà très en tension sur le logement…
Dans le département du Nord, on observe de nouvelles dynamiques sur les territoires de réindustrialisation (Communauté Urbaine de Dunkerque, la communauté d’agglomération du Douaisis). L’enjeu sera donc de répondre au mieux aux nouvelles attentes exprimées.
Sur les autres départements de la région Hauts-de-France, les agglomérations restent les plus attrayantes : le sud de l’Oise et l’Amiénois.
Un effort important de l’ensemble des acteurs de l’habitat est plus que jamais nécessaire sur l’ensemble de ces territoires pour intensifier la construction de logements et réussir à juguler la liste d’attente des demandeurs.
Des solutions existent. Plusieurs actions peuvent être mises en œuvre pour produire une offre adaptée à la diversité des besoins des habitants de notre région : simplification des procédures et limitation des recours, soutien financier des opérations déficitaires, territorialisation des politiques de l’habitat…
Contact : Mohamed EL BARTALI – m.elbartali@union-habitat.org