La crise du logement est, depuis quelques mois, devenue le centre de toutes les préoccupations. Les acteurs – bailleurs sociaux, entreprises du bâtiment, promoteurs… – la prédisaient. Malheureusement souvent en « prêchant dans le désert », face à un Gouvernement qui faisait la sourde oreille à toutes les revendications légitimes des bailleurs sociaux pour remédier à cette crise d’ampleur inédite. Les pouvoirs publics se sont finalement emparés du sujet et, au gré des changements de gouvernements, de ministres du logement avec à la clé autant de visions successives, un projet de loi est aujourd’hui en cours d’examen. Nous verrons ce qu’il en adviendra et quel en sera la réelle portée dans les semaines à venir.
Au milieu de ce tumulte, la nouvelle géographie des Quartiers Prioritaires de la Ville est entrée en vigueur au mois de janvier. L’occasion, dans cet édito, de revenir sur une mission essentielle des bailleurs sociaux : la cohésion sociale. Car si des acteurs de terrain sont bien, au travers de leur mission d’intérêt général, au plus près des problématiques quotidiennes de nos concitoyens, ce sont bien évidemment les bailleurs sociaux. Des bailleurs qui aménagent les territoires pour fournir à chacun un toit pour vivre décemment, un toit pour bâtir un ménage, un toit pour assurer un emploi dans de bonnes conditions… Et en dépit de la pression actuelle sur la demande de logements sociaux, induite par une crise structurelle, les organismes Hlm n’abandonnent ni leurs ambitions, ni leurs missions.
A ce titre, les bailleurs se posent en acteurs incontournables des contrats de ville et des solidarités en cours de signature à la suite de la refonte de la géographie prioritaire. Ce fut le cas pour la Métropole Européenne de Lille, le 7 mai dernier où, devant un panel d’acteurs venus nombreux – élus, institutionnels, bailleurs – le préfet de Région a officiellement signé le nouveau contrat de ville et des solidarités, regroupant de nombreux acteurs parmi lesquels pas moins de quinze bailleurs sociaux. Car les bailleurs sociaux sont bel et bien des parties prenantes incontournables des plans d’action destinés à améliorer la qualité de vie des quartiers, sur des enjeux aussi essentiels que la lutte contre les inégalités, l’accès à l’emploi, l’accès aux soins et à la prévention, le vivre-ensemble, la transition écologique et solidaire…
Mais comme toujours, et comme en miroir à la crise dont je parlais en préambule de mon propos, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions. Et ici comme sur d’autres enjeux, la capacité à agir des bailleurs dépend en partie de dispositifs qu’il est impératif de sanctuariser.
Je pense ici au mécanisme dit « d’Abattement de Taxe Foncière sur le Foncier Bâti » – ATFPB – qui permet aux bailleurs de renforcer leur action dans les quartiers prioritaires de la ville. Un dispositif créé pour rétablir un déséquilibre fiscal et qui, ayant évolué, permet désormais aux bailleurs de participer pleinement aux projets de Gestion Urbaine et Sociale de Proximité. En région Hauts-De-France, ce sont plus de 34 millions d’euros investis par les organismes Hlm en faveur de ces quartiers, soit une moyenne de 193 euros par logement social et par an sur de nombreux thèmes : renforcement de la présence des équipes de proximité, animation, amélioration du cadre de vie…
Aux côtés de l’ensemble des acteurs de la politique de la ville et sur tous les territoires, les bailleurs sociaux restent mobilisés pour favoriser le vivre-ensemble. Malgré la raréfaction des financements et la remise en cause plus systématique du modèle de logement social à la française, vous savez pouvoir compter sur notre détermination pour agir en faveur de tous nos concitoyens !
Bien cordialement.
Jean-Louis COTTIGNY, Président de l’URH Hauts-de-France